Jean Kiboi

Ma pièce pour la cellule de la BHN6 :

La Matricielle Mon Mari :

Radiographie d'un conflit. Comme un ciel éclairé par les bombes la nuit. Comme une colonne vertébrale qui se tord à tort ou à raison et qui craque sous le poids de la barbaque déjà rance. Comme un calumet de la guerre fumé par les âmes bien nées. L'oracle racle le sable à la recherche de la mandragore perdue. Les grains de micas et de feldspaths s'écoulent bleuis presque noirs dans ses veines jusqu'à l'écume dévorante. Les talitres tressautent de leur blancheur immaculée. Dans le lointain abscons les sirènes hurlantes présagent des si belles heures à venir que le rouge est déjà mis aux oreilles pendantes. Écoute, écoute le bruit des vagues qui laveront l'affront et la mémoire. Laisse les petites puces de mer au saut puissant tressauter sur ton ventre ouvert, petite enclave de plage, figée sage sur les parpaings rouge-sang qui s’évaporent en volutes tressées, stressés. De l’oraison funèbre ne restera que les voyelles au timbre oblitéré, calciné. Entends-tu ma complainte aux strophes soporifiques, comme un jargon balbutié descendant l’escalier de ta croupe endorphine ? J’ai planté mon drapeau noir sur ton tison hostile et mes yeux ont crevé leur écaille comme la lame du iench andalou. Tu t’es cabrée enfin comme un cheval mort de faim, dans le purin malin d’une maligne tempête de sable fin. Elle court dans ta veine cave inférieure et irrigue de sa gangue le moindre de tes recoins. Écoute, écoute ce chant grégorien. Rien. Il est de ton chantre au chancre vulcanien.